Format PDF LES CHENILLES PROCESSIONNAIRES DU PIN
 Claude MESNIL   2012
Leurs larves1 sont les pires défoliants de notre territoire dont elles anémient durablement les cèdres et toutes les variétés de pins en dévorant leurs aiguilles. Rendu accessible aux pathogènes, l'arbre affaibli peut en mourir…

Le lien tactile de poil à poil structure leur procession. Ils sont inoffensifs. Face à un péril, la chenille en expulse d'autres minuscules et urticants. Des réactions surgissent chez la victime : démangeaisons, œdèmes au niveau du visage, du cou, des mains, ainsi que des troubles respiratoires et oculaires. Ces derniers peuvent avoir de graves suites2 si ces poils ne sont pas ôtés à la hâte. La langue des chevaux, des vaches et des chiens est spécialement exposée3. Même un nid déserté reste nocif pendant plusieurs années.

Les Romains exécutaient ceux qui éliminaient un rival en lui servant un mélange de viande et d'indétectables chenilles broyées provoquant la nécrose de sa langue et des voies digestives.

Avec le dérèglement climatique actuel et l'essor des pinèdes, les chenilles processionnaires progressent vers le nord ainsi qu'en altitude. Elles croisent de nouveaux résidents inconscients de ce risque potentiel, en particulier les enfants attirés par leur bel aspect velouté. On estime qu'elles seront à Paris en 2025.

Elles ont aussi leurs avocats qui mettent en avant leur absence totale d'agressivité et leur participation à une pollinisation actuellement en déclin dans toute la France.

LEUR CYCLE DE VIE

Il dure près d'un an : des larves de 1 mm éclosent en septembre. Elles tissent aussitôt un nid collectif de soie blanche d'où elles profitent du soleil pour se réchauffer dans la journée. Elles sortent la nuit en procession pour aller se nourrir, un fil sert à guider leur trajet de retour.

En mars, la colonie menée par une femelle gagne en file indienne un sol meuble et ensoleillé où chacune s'enfouit entre 5 et 20 cm sous la terre afin d'y tisser son cocon de nymphose4.

Des papillons de nuit longs de 4 cm prêts à procréer émergent à la fin de l'été. Le mâle décèle les phéromones5 sexuelles des femelles des environs et part s'accoupler. Le coït peut durer jusqu'à 1 heure ! Et le mâle meurt…

Âgée seulement de deux jours, la femelle tisse une gaine autour d'une paire d'aiguilles d'un pin ou d'un cèdre où elle pondra sans tarder de 70 à 300 œufs pendant 4 heures. Et elle meurt à son tour…

LA SURVIE DE L'ESPÈCE

Les chenilles se développent durant l'hiver mais elles succombent si la température de l'atmosphère descend en dessous de -16°. Elles s'engourdissent et ne vont plus s'alimenter si la chaleur du nid n'excède pas 9° le jour et 0° la nuit, et en meurent.

Les transports de terre sont susceptibles d'emmener des cocons de nymphose en phase de diapause6 (jusqu'à 5 ans) à des distances que les chenilles auraient été incapables de parcourir. Le fret des bateaux ou des avions peut même les transplanter sur un autre continent… Leur teinte brune les rend trop peu visibles pour envisager une élimination préventive.

Chaque stade de développement attire des prédateurs :

La lutte biologique est possible :


  1 au 3ème stade larvaire sur 5.      2 jusqu'à la cécité.      3 nécroses exigeant l'euthanasie.4 mue de la chenille en chrysalide.
  5 substances chimiques porteuses d'informations entre individus de même espèce, jouant notamment dans l'attirance sexuelle.
  6 arrêt spontané temporaire de la croissance d'un parasite (surtout insecte) advenant indépendamment des facteurs extérieurs.
  7 grande sauterelle du midi aux ailes atrophiées.8 coléoptère aux belles couleurs métalliques mesurant 3 cm.
  9 minuscule champignon parasitant son hôte. Il est réputé être un met délicat en Chine.
10 arbres produisant des feuilles nettement développées, par opposition aux conifères (ou résineux) dont la forme des feuilles se     réduit à des aiguilles, comme par exemple les pins.