Née à Naples en 1328, elle fut comtesse de Provence et reine de Sicile de 1343 à 1382. Elle se maria par intérêt avec André de Hongrie en 1343 et l'aurait fait tuer en 1345. Elle épousa Louis de Tarente mort de la peste en 1362, Jacques lll de Majorque qu'elle fit incarcérer en 1367 et qui en décéda en 1375, et enfin Othon de Brunswick… Son cousin et héritier Charles d'Anjou l'étouffa sous des oreillers en 1382 pour feindre une mort naturelle…
Jeanne vint en Provence en 1379 rétablir son crédit affaibli. Exempté d'albergue1, de cavalcade2 et son projet de pont agréé, le village isolé de Saint-Symphorien aurait en échange caché son fils adultérin né au château de Salignac3 à 6 km.
SAINT-SYMPHORIEN
« Sanctus Symphorianus » est cité dans un écrit du Xlème siècle. 500 habitants sont attestés en 12974 mais la peste noire et la guerre de 100 ans vidèrent la localité. Raymond de Turenne5 rasa son château du Xlème siècle en 1392, il en reste quelques traces. L’épidémie de typhus de 1747 y fit des ravages…
La vente du charbon de bois devint la ressource du village6. Les charbonniers déboisèrent les collines environnantes au milieu du XlXème siècle. Vitales pour les pauvres, les chèvres friandes de jeunes pousses aggravèrent l'érosion. Le sol se ravina, suscitant la fin des pâturages. Le paysage local devint peu à peu lunaire.
L’administration des forêts replanta en 1882 de vastes zones en pins noirs d’Autriche pour juguler cette calamité (en bas).
L'endroit fut abandonné vers 1950. Il dépend depuis 1975 de la commune d'Entrepierres qui vient d'y restaurer une maison pour en faire un gîte.
Quatre stèles du cimetière dans la colline sont toujours lisibles :
Peyron Albine 1885 Bayle7 Romain 1911 Bayle Hilaire 1919 Bayle Marie 1931
LE PONT DE PIERRE
Les 50 km² du bassin collecteur en amont du pont expliquent d'une part la force des crues quand les reliefs fixent les orages, et d'autre part l'imposante largeur du lit à sa confluence avec la Durance.
La collectivité de Saint-Symphorien vendit des biens communaux et corvéa ses habitants pour réparer les dégâts liés aux crues.
« DEALAT ion P BONNET8 SM » est gravé sur ce qui dut être jadis la base d'une croix religieuse à son entrée sud (ci-contre).
Des travaux de remises en état de l'ouvrage sont attestés en 1501.
L'arche et le parapet nécessitant des réparations importantes (ci-dessous en 1975), le pont fut entièrement restauré en 1976 et classé monument historique l'année suivante.
ITINÉRAIRE
Une route bitumée finit au pont de la Reine Jeanne isolé en pleine nature, à 8 km à vol d'oiseau à l'est de Sisteron.
Seule sa traversée pédestre est possible.
Un balisage mène à Saint-Symphorien, puis il monte par « cent lacets » au sommet de Vaumuse d'où la vue est superbe.
Il redescend à la chapelle Saint-Joseph, un abri de Maquisards jamais débusqués par les Allemands dans les années 1940.
La fin du circuit retrouve les ruines de Saint-Symphorien par d'autres chemins, et le pont de la Reine Jeanne…
1890…Aujourd'hui…
1 droit de gîte en son comté pour le comte, son escorte, ses baillis et ses officiers de justice.
2 service annuel de 40 jours des villageois pour travailler à la construction de fortifications ou aller y faire le guet.
3 un historien retrouva cet acte de naissance à Sisteron, mais le reste de l'histoire n'est peut-être qu'une légende…
4 340 habitants en 1316, 26 familles en 1371, 223 habitants en 1765…
5 s'estimant lésé par la reine Jeanne, Raymond de Turenne fut le pire prédateur de la région.
6 fondeurs, chaufourniers, tuiliers, faïenciers, mais aussi les particuliers, étaient très clients.7 étymologie : chef des bergers.
8 Bonnet fut le nom d'une famille de Saint-Symphorien, dont l'un des membres fut prêtre.9 voie de transhumance des ovins.